Eh bien non, ce ne sera pas mon cadeau d’anniversaire. Je ne
verrai pas encore les éléphants cette fois-ci !
A Boromo pour quelques jours (ville moyenne se situant sur
la route Ouagadougou-Bobo-Dioulasso en plein milieu), je suis venue voir
Djakaria Guira, l’apiculteur formateur. Nous devons faire le point sur ce qui a
déjà été fait dans les villages au niveau de la formation en apiculture,
prévoir la suite des opérations. Je dois aussi récupérer les factures.
Mais mon objectif premier, principal, primordial, c’est de
voir les éléphants. Des "vrais éléphants" bien sûr, ceux qui sont en liberté et
qui évoluent encore dans un habitat, je n’ose pas dire de végétation primaire, en tout
cas le plus naturel possible. De grands couloirs de circulation ont été
conservés le long du fleuve Mouhoun (ancienne Volta Noire) qui s’étendent du
Burkina au Ghana et au-delà. Pour les passionnés, les pointilleux, les curieux, je vous
mets un petit article pris sur internet en bas de page.
A Boromo, nous sommes
donc dans le Parc Naturel des Deux Balé. Il y a là l’administration du Parc par
laquelle vous êtes tenus de passer si vous voulez pénétrer dans le parc. Cela
vous en coûte 5 000 FCFA. Je vous rappelle que cela fait environ 5 X 1,50
euros, soit 7,50 euros ce qui est énorme et qui exclut la plupart des
burkinabés. Ensuite, il y a le guide sensé vous accompagner et vous faire
rencontrer les éléphants, on vous précise bien au départ, "C’est sans
garantie !". Si vous voulez y retourner le lendemain, vous devez repayer le
guide, pas l’entrée du parc qui est valable un mois. Le guide plus la location
de la moto (ou 4X4 si vous avez de l’argent) plus l’essence, il vous en coûte
11 000 FCFA, soit 16,50 euros pour un tour de moto sans garantie pour le
coup de bon état du véhicule. La mienne était vieille, les
cale-pieds avaient été remplacés et devaient faire à peu près la moitié de la largeur
de mon pied. Je vous assure que pour les crampes dans le haut des cuisses et
les fourmis dans les pieds, c’est royal !!!
Bon, vous aurez compris qu’à part l’entrée du Parc (il faut
bien entretenir et payer le personnel) l’entreprise est une vaste arnaque à
touristes. De plus, mon guide à qui je garde un chien de ma chienne, n’a même
pas pris la peine avant de partir de s’informer auprès de ses collègues si
quelqu’un avait aperçu lesdits pachydermes... Nous avons fait deux points d’eau
(les mêmes que l’année dernière) et les éléphants étaient au troisième où
beaucoup de personnes auraient le lui dire s’il avait seulement pris la peine
de leur téléphoner…. J’ai eu droit au même discours lénifiant de l’an dernier,
aux mêmes traces vagues montrées sur le sol, aux mêmes branches cassées et
finalement aux mêmes questions sur ma famille, sur la France. Tout ça est bien
rodé pour vous faire oublier que l’objectif n’est pas atteint.
Le lendemain, je suis retournée avec Djakaria cette fois, au
troisième point d’eau. C’est là que j’ai appris ce que je vous raconte plus
haut. J’ai donc décidé que je venais camper dès que possible aux alentours du
marigot. Et je ne pars plus tant que je ne les ai pas vus… C’est le temps dont
je manque le moins…Parole de Dominique !
Donc en attendant les éléphants, je vous montre :
Le troisième point d'eau le long du fleuve Mouhoun à côté du caïlcédrat magique |
Oui, c'est là qu'ils aiment venir prendre un bain de boue. Ils sont parfois une vingtaine à se bousculer, me raconte-t-on. On peut les approcher de très près à ce moment-là, ils s'en moquent complètement sauf bien sûr s'il y a des éléphanteaux qui, très curieux, ne demandent qu'à jouer avec nous. Cela ne plaît pas du tout à leurs mamans qui peuvent alors se fâcher.
Je vous rappelle que nous sommes en fin de saison sèche, le fleuve et tous les points d'eau sont à leur niveau le plus bas...
Une branche morte pour se gratter |
Ce n'est peut-être pas très net sur la photo, mais cette branche qui dépasse à gauche est toute lisse, usée par les nombreux et énergiques frottements des éléphants. Vous ne trouvez pas que l'arbre lui-même ressemble à un vieil éléphant ?
D'authentiques fèces d'éléphants (non pas fesses) |
Voici la preuve formelle que les éléphants sont passés par là. Les fèces sont très sèches et pleines de graines qui ensemencent la forêt en permanence.
Ci-dessous article internet sur les éléphants du Parc des Deux Balé :
La destruction et la fragmentation de leurs habitats naturels sont les
principales menaces qui pèsent sur les éléphants du Mouhoun. La divagation du
bétail, pourtant interdite, la coupe illégale du bois et l'empiètement des
terres agricoles sont les pressions les plus fortes. Elles sont toutes liées
aux activités humaines. Le braconnage est heureusement encore limité dans la
région. Enfin, les conflits humains-éléphants constituent une problématique
cruciale pour la conservation des éléphants et le développement régional.
Ci-dessous article internet sur les éléphants du Parc des Deux Balé :
Une petite population encore viable
Les
éléphants du complexe du Mouhoun vivent dans un chapelet de forêts situées le
long du fleuve Mouhoun (Volta Noire) et de ses affluents. Ce complexe comporte
plus d'une quinzaine de réserves de faune et de forêts classées qui s'allongent
sur plusieurs centaines de kilomètres et traversent plusieurs provinces du
pays. Le cours du Mouhoun est protégé par ces aires classées sur plusieurs centaines
de kilomètres depuis son confluent avec le Sourou jusqu'à son confluent avec le
Tui (Grand Balé).
Ces forêts
juxtaposées forment ainsi une espèce de corridor assez étroit mais qui permet
de grandes migrations d'éléphants. Ainsi, à moins de deux heures de route de
Ouagadougou, il est facile (oui parlons-en ! ndlr) d'observer le pachyderme dans ses déplacements. Il
n'est d'ailleurs pas rare de voir un troupeau traverser la principale route du
pays qui mène vers Bobo-Dioulasso, aux alentours de Boromo.
Les
éléphants ne sont plus que quelques centaines. Leur nombre est incertain car
cela fait plus de 10 ans (2002) qu'ils n'ont pas été comptés, faute de moyens.
Une récente enquête menée par l'Unité de Gestion des Deux-Balé et l'ONG Des
Eléphants & des Hommes indique que les éléphants n'occupent probablement
déjà plus les forêts situées dans le nord de leur aire de répartition. Le
"parc national" des Deux-Balé est aujourd'hui leur refuge principal.
Les menaces
Les solutions
Elles ne
sont pas simples ni faciles à mettre en oeuvre. Tout d'abord il est nécessaire
que les habitats naturels restants soient bien préservés et que les activités
illégales y cessent. Il faut également que les habitats naturels restent
connectés entre eux pour que les éléphants puissent y circuler librement. Les
corridors vers les autres populations d'éléphants, au Burkina-Faso, au Ghana et
en Côte d'Ivoire doivent être rétablis. Pour y parvenir, l'adhésion et la
participation des habitants est essentielle. Il est donc également nécessaire
que les conflits humains-éléphants soient réduits et évités autant que
possible, et que les activités valorisant les éléphants, la biodiversité et les
aires protégées, génèrent de plus en plus de revenus pour les riverains. Le
Ministère Burkinabé de l'Environnement et du Développement Durable et ses
services, l'Unité de Gestion des Deux-Balé et les acteurs locaux impliqués dans
la conservation de la nature et l'éducation à l'environnement, appuyés par des
ONG ou institutions comme l'UICN ou Des Eléphants & des Hommes y
travaillent.