vendredi 27 février 2015

UN ARTICLE POUR MON PAPA : LES JARDINS



LES JARDINS

Aujourd’hui vendredi 27, on fait le tour du village. Comme j’ai envie de revoir le marigot, nous partons en faire le tour. L’eau est très basse.Ca va descendre encore jusqu’aux prochaines pluies.



Le marigot est un centre d’activités :

-        -   Il est plein de poissons et la pêche est une activité importante. On me dit qu’il s’agit de capitaines, il me semble que ça existe chez nous, mais en eau de mer ??? Le poisson ici est très bon et se déguste la plupart du temps grillé ou frit. Dans les plats en sauce, ce sont plus de petits poissons séchés qui sont introduits.
Il y a des caïmans dans le marigot. J’en ai vu certains, de petite taille. Il y en aurait de plus gros profondément. Moussa, mon guide, me dit qu’il n’a jamais eu de sa vie connaissance d’un accident provoqué par les caïmans. Ils mangent tout de même un chevreau de temps en temps…
Bakary, un apiculteur âgé du village de Pia, me dit que certains mangent du caïman, mais pas lui car c’est son animal totem. Il le protège dans la mesure du possible. Il me dit qu’il peut l’approcher sans que celui-ci ne le morde. Tous les daffins n’ont pas le caïman comme totem, mais chut, je n’en saurai pas plus ce jour-là.


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    - Le marigot est ensuite une véritable usine à produire des briques, le fameux banco. Ce sont des enfants pour la plupart que l’on voit à la production dans la boue. A l’aide d’un moule simple (cadre de bois), ils façonnent des briques en terre, terre mélangée à de la paille, qu’ils alignent ensuite pour les faire sécher. D’autres viennent chercher de la terre sur place et traversent le village sur des chariots tirés par les mules. J’ai l’impression qu’il s’agit de faire du terrassement ou des façades. 





-         -  Enfin, fierté des villageois, les jardins. Ils entourent presque complètement le marigot. En hauteur, protégés par des haies d’épineux (mimosa), magnifiques, luxuriants. Dramane me fait visiter le sien. Actuellement c’est la récolte des oignons, il y en des petits et des gros.Mais on nous donne aussi des tomates, des épis de maïs. On me fait goûter un fruit bizarre entre l’aubergine et la tomate, le "goyo". Il y a des haricots, des pois, des salades.



 


GOYO
DRAMANE AU MILIEU DE SON JARDIN

jeudi 26 février 2015

DJIBASSO



DJIBASSO, mardi 3 mars


Je reprends la plume. Excusez mon absence, vraiment ça ne passe pas dans les villages et finalement pas non plus à Djibasso. La connexion est trop lente, j’ai mes messages sur mon téléphone, mais impossible de profiter de la connexion partagée en wi-fi avec l’ordinateur. Ceux qui connaissent comprendront, pour les autres n’attendez pas d’autres explications de ma part, je n’y comprends pas grand-chose.
Donc arrivée, je reprends, jeudi dernier 26 février, à Djibasso après un voyage en bus non climatisé, voyage qui a duré 8 heures pour 300 kilomètres à peu près. Il faut dire que nous nous sommes arrêtés au moins deux heures à Nouna pour attendre quelques personnes qui arrivaient de Ouagadougou. Coût pour ceux que ça intéresse : 5 000 FCFA, soit 7,50 euros environ.




Le jeudi est le jour idéal pour arriver, car c’est le jour du marché. Immense, il occupe tout Djibasso. Chacun est venu avec ses récoltes, ses animaux à vendre, ses affaires à faire…. Je devrais pouvoir repartir dès ce soir pour Pia. Il faut trouver les villageois de Pia et ce n’est pas une mince affaire.
Heureusement Sally est là. Je connais Sally depuis mon premier voyage au Burkina.  C’est la belle-sœur de l’ami qui m’a invitée et emmenée dans les villages. C’est un personnage à Djibasso. De par sa stature, sa silhouette imposante, son humour permanent. Elle sait lire et écrire et débrouille bien des situations. Dans l’avenue principale de Djibasso, la route qui mène au Mali, elle trône juste devant l’entrée de sa maison. Tous les matins, elle fait frire des beignets de farine de mil qu’elle vend, alimentant la caisse familiale de quelques centaines de francs. Les enfants nombreux, ceux qui ont moins de 7 ans et qui ne vont pas à l’école, courent partout, jouant avec un bout de carton, des cuillères en plastique trouvées au sol, se taquinant en permanence. Beaucoup de pièges autour d’eux, marches, planches, objets divers. Ils semblent évoluer à leur aise, il doit bien y avoir des accidents de temps en temps.



Je pense à nos écoles maternelles claires et propres. J’entends les enfants français chanter des comptines, jouer avec des jouets « éducatifs » et s’exercer à la collectivité. Il est sûr que l’éveil des différentes capacités se fait plus rapidement dans cet univers protégé. Pour autant, dans la société burkinabé d’aujourd’hui, où il faut être malin, se faufiler, être plus rapide pour attraper le morceau de viande qui reste dans le plat commun, cet école de la vie semble pour l’instant « adaptée ».

J’ai renoncé à compter les enfants, il y en a « beaucoup ». 

Donc Sally m’accompagne à la rencontre des gens de Pia. Retrouvailles joyeuses, chaleureuses. On ne s’embrasse pas, mais on se salue longuement, main dans la main, en prononçant des paroles de bienvenue. C’est Dramane qui va s’occuper de me ramener au village sur sa moto. Et là je découvre que ma valise est encore trop lourde. Avec mon poids sur la moto et dans le sable, nous sommes vraiment trop chargés. Heureusement, une autre moto nous double, c’est le frère de Dramane qui va prendre ma valise.

Sally

Tout le long de la route et elle est très longue, nous allons dépasser des charrettes tirées par des mules. Les villageois rentrent du marché. Salutations de rigueur, systématiques ! Je ne me souvenais pas que c’était si loin, presque 20 kilomètres finalement.

mercredi 25 février 2015

UNE CHAMBRE TRANQUILLE...



Je ne vous ai pas encore parlé de ma chambre.
 
Karim m’a trouvé cet endroit très calme, grande cour, petites chambres extérieures comme dans un motel. Le tarif est imbattable : 4 000 FCFA la nuit, soit 6 euros.
Le strict minimum, rudimentaire mais propre. Je m’y repose bien, tout ce qu’il faut pour recharger les diverses batteries, même si les prises sont décollées du mur et laissent parfois échapper quelques étincelles. Une moustiquaire, une table et une chaise, par contre pas de placard. Un ventilateur et si je souhaite, je pourrais avoir la clim.
La  douche et les w.c. sont à la « française » mais bon quand il y a la tablette pour poser ses affaires, il n’y a pas de porte-serviette ou alors le contraire. J’ai choisi le porte-serviette.



Je travaille actuellement sur la terrasse au grand air. Il ne fait pas trop chaud ces jours-ci. Le ciel est plutôt couvert. Une petite bise me caresse de temps en temps. Le patron est sympathique. Il vient d’avoir une petite fille et sa femme reste à la maison. Une cliente parisienne nous abreuve de ses histoires, elle a l’air d’avoir ses repères ici depuis longtemps, elle fait pratiquement partie de la famille.

Ce matin, petit déjeuner. Le patron sait faire un café au lait (oui, je sais ce n’est pas diététique) qui le même goût que chez nous. J’en profite encore tant que je peux. J’ai acheté des « Vache qui Rit » pour avoir encore un peu l’impression de manger du fromage.
Ce matin donc. On m’apporte le petit déjeuner, non  sans être allé acheter du pain pour moi, je vois revenir le serveur avec le pain. Le café au lait est servi sans couteau et sans sucre ; j’attends un bon moment le couteau qui finit par arriver. Entretemps j’ai craqué et commencé à étaler mon fromage à la petite cuillère. Le couteau arrive, mais il faut qu’il aille acheter du  sucre. Le serveur reprend sa mobylette. Lorsqu’il arrive, j’ai pratiquement fini mon bol sans sucre. Finalement je pourrais continuer, ce n’est pas mauvais.

CASAFRICA, Secteur 9, Quartier Petit Paris à Bobo-Dioulasso.

Quelques photos de ce havre de paix ! Ne vous y méprenez pas, la lutte contre la poussière ici est de tous les instants. Une poussière rouge, fine, qui s’infiltre partout. Ce matin, j’ai consciencieusement nettoyé mon ordinateur, car entre les touches, il y avait déjà beaucoup de poussière.
Si les sièges sont brillants et propres, c’est qu’on les nettoie tous les matins. La cour aussi est balayée tous les matins. Mais les murs, les voitures, les  arbres, tous sont recouverts d’une fine pellicule qui donne ces tons ocre rouge ternes. La lumière réussit tout de même à rebondir,  se frayer un chemin. Ce matin, elle est blanche, laiteuse, légère, très douce. Une lumière maternelle finalement, qui prend soin, qui apaise.

J’ai accroché mon tableau dans la chambre, il y avait juste deux clous au mur, au bon écart. PERJALANAN, nom indien m’a dit Chantal qui veut dire « Voyage ». Il est le témoin de mon voyage avant tout intérieur. Il me relie dans le même temps à ma communauté d'esprit et de cœur. Unité. MÂ


Quelle présence n'est-ce pas ?

DANSER, BOUGER, VIBRER (2)



Lundi  28 février
 

Enfin, écouter une belle musique, bouger, ou plutôt laisser la musique entrer en moi. Jusqu’à ce que le corps se mette à bouger seul presque. Si je force quoi que ce soit, je suis en représentation, décalée, je danse mal. Non plutôt laisser s’exprimer le rythme et la musique à travers moi.

Alors parfois, ça peut donner des formes bizarres. Dans les « maquis », cela fait rire les jeunes car ils ont des codes pour danser le coupé-décalé par exemple, codes qu’évidemment je ne possède pas et qui d’ailleurs ne m’intéressent pas. 

C’était une belle soirée populaire dimanche soir, familiale, beaucoup de parents avec de jeunes enfants  et puis une foule  de gamins aux premiers rangs. Ambiance !




Mâm est avec moi. Nous avons dégusté, enfin, un très bon attieke, j’en rêvais.  Ce plat est un délice, à base de semoule de manioc, semoule qui a subi une préparation spéciale qui lui donne son léger goût de noisette, servi avec un poisson grillé et une salade très fraîche plus sauce plus piment.

Le  groupe dont je ne connais ni le nom, ni l’origine met vraiment l’ambiance.   Les hommes portent des jupes bleu marine. Des personnages montent régulièrement sur la scène pour faire rire le public qui ne s’en prive pas.
On vient me chercher pour danser sur scène. Tous les gamins des premiers rangs montent également sur la scène. Aïe ! Pourvu qu’elle tienne. D’ailleurs, on les fait descendre rapidement.


Mâm a récupéré une petite fille qui pleurait, battue par sa maman, me dit-elle; Je n'ai rien vu, mais manifestement, la petite apprécie.


Mâm m’invite chez elle pour le lendemain,  lundi.

lundi 23 février 2015

DANSER, BOUGER, VIBRER



Dimanche 27 février

J'ai décidé de quitter Ouagadougou, la grande capitale.
Je souffre du bruit et de la pollution. J'ai besoin de plus d'espace et de me reposer.
Départ samedi vers Bobo Dioulasso. Ce n'était pas prévu au programme, mais la perspective de plusieurs concerts m'amène à faire un détour et  puis, je vais peut-être enfin pouvoir danser.

Hier soir, soirée musicale africaine au « Bois d’Ebène » à Bobo Dioulasso.



Le célèbre djembefola, Haruna Dembele, se produit avec tous ses percussionnistes, ses chanteurs et danseurs. Il y a là beaucoup de musiciens de Bobo, j’en connais quelques-uns.

Karim, le chauffeur de taxi a décidé de m’accompagner. C’est son credo maintenant, il « veille » sur moi, je suis sa « maman ». Bon il faut qu’il comprenne que j’aime être libre d’aller et venir. Je le lui ai déjà dit.


 Karim

 Les filles sont belles, maquillées, coiffées, apprêtées. On attend en buvant une « Brakina ».
Et soudain c'est un déferlement de percussions sur la scène, rythmes, sons sourds et puissants. J’aime lorsque l’ensemble se met au service d’un seul pour lui permettre de faire son solo. Brillant de puissance et célérité. Etonnamment c’est un blanc qui commence, il doit être en stage, mais pour être ici sur scène, pas un débutant. Le balafoniste est excellent.
Entre en scène, Kadi Coulibaly. Une belle voix chaude et rauque pleine de nuances. Allez voir sur « You Tube » une chanson toute simple dont elle sait faire une merveille ! Je vous donne les références.


Seulement voilà, depuis que je suis arrivée, pas moyen de danser ! Je n’ai qu’une envie c’est de bouger. A Ouagadougou, les pistes des maquis étaient désertes (match de foot) et ici, tout le monde semble écouter passionnément. Il faut dire que les danseurs et danseuses d’Haruna rivalisent d’adresse et de rapidité.


Je rentre à minuit, fatiguée.