lundi 25 mai 2015

EN ATTENDANT LES ELEPHANTS...



Eh bien non, ce ne sera pas mon cadeau d’anniversaire. Je ne verrai pas encore les éléphants cette fois-ci !

A Boromo pour quelques jours (ville moyenne se situant sur la route Ouagadougou-Bobo-Dioulasso en plein milieu), je suis venue voir Djakaria Guira, l’apiculteur formateur. Nous devons faire le point sur ce qui a déjà été fait dans les villages au niveau de la formation en apiculture, prévoir la suite des opérations. Je dois aussi récupérer les factures.

Mais mon objectif premier, principal, primordial, c’est de voir les éléphants. Des "vrais éléphants" bien sûr, ceux qui sont en liberté et qui évoluent encore dans un habitat, je n’ose pas dire de végétation primaire, en tout cas le plus naturel possible. De grands couloirs de circulation ont été conservés le long du fleuve Mouhoun (ancienne Volta Noire) qui s’étendent du Burkina au Ghana et au-delà. Pour les passionnés, les pointilleux, les curieux, je vous mets un petit article pris sur internet en bas de page.

 A Boromo, nous sommes donc dans le Parc Naturel des Deux Balé. Il y a là l’administration du Parc par laquelle vous êtes tenus de passer si vous voulez pénétrer dans le parc. Cela vous en coûte 5 000 FCFA. Je vous rappelle que cela fait environ 5 X 1,50 euros, soit 7,50 euros ce qui est énorme et qui exclut la plupart des burkinabés. Ensuite, il y a le guide sensé vous accompagner et vous faire rencontrer les éléphants, on vous précise bien au départ, "C’est sans garantie !". Si vous voulez y retourner le lendemain, vous devez repayer le guide, pas l’entrée du parc qui est valable un mois. Le guide plus la location de la moto (ou 4X4 si vous avez de l’argent) plus l’essence, il vous en coûte 11 000 FCFA, soit 16,50 euros pour un tour de moto sans garantie pour le coup de bon état du véhicule. La mienne était vieille, les cale-pieds avaient été remplacés et devaient faire à peu près la moitié de la largeur de mon pied. Je vous assure que pour les crampes dans le haut des cuisses et les fourmis dans les pieds, c’est royal !!! 

Bon, vous aurez compris qu’à part l’entrée du Parc (il faut bien entretenir et payer le personnel) l’entreprise est une vaste arnaque à touristes. De plus, mon guide à qui je garde un chien de ma chienne, n’a même pas pris la peine avant de partir de s’informer auprès de ses collègues si quelqu’un avait aperçu lesdits pachydermes... Nous avons fait deux points d’eau (les mêmes que l’année dernière) et les éléphants étaient au troisième où beaucoup de personnes auraient le lui dire s’il avait seulement pris la peine de leur téléphoner…. J’ai eu droit au même discours lénifiant de l’an dernier, aux mêmes traces vagues montrées sur le sol, aux mêmes branches cassées et finalement aux mêmes questions sur ma famille, sur la France. Tout ça est bien rodé pour vous faire oublier que l’objectif n’est pas atteint.

Le lendemain, je suis retournée avec Djakaria cette fois, au troisième point d’eau. C’est là que j’ai appris ce que je vous raconte plus haut. J’ai donc décidé que je venais camper dès que possible aux alentours du marigot. Et je ne pars plus tant que je ne les ai pas vus… C’est le temps dont je manque le moins…Parole de Dominique !

Donc en attendant les éléphants, je vous montre :

Le troisième point d'eau le long du fleuve Mouhoun à côté du caïlcédrat magique
Oui, c'est là qu'ils aiment venir prendre un bain de boue. Ils sont parfois une vingtaine à se bousculer, me raconte-t-on. On peut les approcher de très près à ce moment-là, ils s'en moquent complètement sauf bien sûr s'il y a des éléphanteaux qui, très curieux, ne demandent qu'à jouer avec nous. Cela ne plaît pas du tout à leurs mamans qui peuvent alors se fâcher.
Je vous rappelle que nous sommes en fin de saison sèche, le fleuve et tous les points d'eau sont à leur niveau le plus bas...


Une branche morte pour se gratter

Ce n'est peut-être pas très net sur la photo, mais cette branche qui dépasse à gauche est toute lisse, usée par les nombreux et énergiques  frottements des éléphants. Vous ne trouvez pas que l'arbre lui-même ressemble à un vieil éléphant  ?

D'authentiques fèces d'éléphants (non pas fesses)
Voici la preuve formelle que les éléphants sont passés par là. Les fèces sont très sèches et pleines de graines qui ensemencent la forêt en permanence.




 Ci-dessous article internet sur les éléphants du Parc des Deux Balé :



Une petite population encore viable

Les éléphants du complexe du Mouhoun vivent dans un chapelet de forêts situées le long du fleuve Mouhoun (Volta Noire) et de ses affluents. Ce complexe comporte plus d'une quinzaine de réserves de faune et de forêts classées qui s'allongent sur plusieurs centaines de kilomètres et traversent plusieurs provinces du pays. Le cours du Mouhoun est protégé par ces aires classées sur plusieurs centaines de kilomètres depuis son confluent avec le Sourou jusqu'à son confluent avec le Tui (Grand Balé). 
Ces forêts juxtaposées forment ainsi une espèce de corridor assez étroit mais qui permet de grandes migrations d'éléphants. Ainsi, à moins de deux heures de route de Ouagadougou, il est facile (oui parlons-en ! ndlr) d'observer le pachyderme dans ses déplacements. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir un troupeau traverser la principale route du pays qui mène vers Bobo-Dioulasso, aux alentours de Boromo.
Les éléphants ne sont plus que quelques centaines. Leur nombre est incertain car cela fait plus de 10 ans (2002) qu'ils n'ont pas été comptés, faute de moyens. Une récente enquête menée par l'Unité de Gestion des Deux-Balé et l'ONG Des Eléphants & des Hommes indique que les éléphants n'occupent probablement déjà plus les forêts situées dans le nord de leur aire de répartition. Le "parc national" des Deux-Balé est aujourd'hui leur refuge principal.

Les menaces

La destruction et la fragmentation de leurs habitats naturels sont les principales menaces qui pèsent sur les éléphants du Mouhoun. La divagation du bétail, pourtant interdite, la coupe illégale du bois et l'empiètement des terres agricoles sont les pressions les plus fortes. Elles sont toutes liées aux activités humaines. Le braconnage est heureusement encore limité dans la région. Enfin, les conflits humains-éléphants constituent une problématique cruciale pour la conservation des éléphants et le développement régional.

Les solutions



Elles ne sont pas simples ni faciles à mettre en oeuvre. Tout d'abord il est nécessaire que les habitats naturels restants soient bien préservés et que les activités illégales y cessent. Il faut également que les habitats naturels restent connectés entre eux pour que les éléphants puissent y circuler librement. Les corridors vers les autres populations d'éléphants, au Burkina-Faso, au Ghana et en Côte d'Ivoire doivent être rétablis. Pour y parvenir, l'adhésion et la participation des habitants est essentielle. Il est donc également nécessaire que les conflits humains-éléphants soient réduits et évités autant que possible, et que les activités valorisant les éléphants, la biodiversité et les aires protégées, génèrent de plus en plus de revenus pour les riverains. Le Ministère Burkinabé de l'Environnement et du Développement Durable et ses services, l'Unité de Gestion des Deux-Balé et les acteurs locaux impliqués dans la conservation de la nature et l'éducation à l'environnement, appuyés par des ONG ou institutions comme l'UICN ou Des Eléphants & des Hommes y travaillent.









dimanche 10 mai 2015

Bulletin de santé

Pour ceux qui se seraient affolés, à juste titre, car je me demandais vraiment si je n'allais pas rentrer en France, voici mon dernier bulletin de santé :

- Le coeur va très bien, ECG normal
- Analyses de sang presqu'impeccables, un taux de "mauvaises" graisses dans le sang un peu haut, un comble quand j'ai pu constater que j'avais perdu 10 kg depuis que je suis arrivée au Burkina. Etant donnné que je ne consomme ni fritures, ni viandes rouges, je vais devoir traquer la graisse dans les diverses sauces et riz gras que je peux consommer. C'est vrai qu'ici, ils font une consommation incroyable d'huile et de sucre (sucre blanc dans le thé, le café, le déguet qui est une sorte de bouillie de mil...).

L'état de "légume" dans lequel j'ai pu me trouver est du au fait que mon traitement hypotenseur n'était plus adapté ici. Ma tension est presque normale sans traitement (je mange moins, j'ai maigri, il fait chaud...) bref en continuant mon traitement, ma tension a du chuter à 6 ou 7. J'étais vraiment exténuée et je croyais que c'était du à la chaleur.
Depuis que j'ai arrêté les médoc, je vais très bien, je retrouve la forme, je marche même en plein soleil à Ouagadougou (où il faut plus chaud et plus sec qu'à Bobo).

Toutes les autres recherches sont négatives : hépatite, parasitose sévère...

J'ai appris qu'il était arrivé la même mésaventure à Jean-Luc de l'association "Les Enfants de Djibasso" il y trois ans à la même période de grandes chaleurs.

Je vous salue tous très bien, je continue l'aventure....

samedi 2 mai 2015

LA CONSTRUCTION DES RUCHES



Le menuisier de Pia à qui il semble logique éthiquement (pour que l’argent revienne au village) de confier la construction des ruches avait commencé par dire qu’il lui fallait 6 m de planche par 0,30 pour une ruche.
Vérification faite et confirmée par Jean, menuisier-ébéniste de mes amis, 3,70 m suffisent ce qui change considérablement la donne, en bois, en prix et en nombre final de ruches.

Le choix du bois n’est pas une mince affaire. Il faut qu’il soit suffisamment dur pour résister au soleil, à la pluie et aux insectes pendant au moins 4 ans, et en même temps suffisamment sec pour ne pas se déformer. C’est à Bobo ici que j’ai appris qu’il fallait du bois « Samba ».

C'est également à Bobo que j’ai vu des ruches faites de façon quasi industrielles avec des machines. Elles coûtent 25 000 FCFA, elles sont impeccables, très belles, bien finies. Mais pour 40 ruches, je serais perdante sur le transport et l’argent resterait ici à Bobo. Ce n’est pas intéressant.

En accord avec l’association des apiculteurs, nous avons donc décidé de faire faire une ruche par chacun des deux menuisiers, ruches qui seront examinées sous toutes les coutures avant de passer commande des autres bien sûr. Il y aura lieu également d’examiner la découpe de façon à économiser le bois au maximum. Il y a des cotes très précises à respecter, par exemple, les barrettes qui font plafond dans la ruche doivent faire 3,2 mm de largeur, car les abeilles africaines sont plus petites que les nôtres. Ces barrettes seront usinées ici à Bobo. Ce sera plus précis et je peux facilement les transporter.
La peinture, je suis hésitante, on ne va jamais savoir ici ce qu’il y a réellement dans cette peinture. Je préfèrerais de la cire liquide à étaler au pinceau (plusieurs couches) ou du beurre de karité dont on enduit ici les djembés. Il y en a plein au village.

…. Plusieurs jours ont passé…

Aidée par Aboubakar, l'ami précieux qui connaît tout le monde ici à Bobo, celui qui m'a aidée à trouver ma maison, j’ai pu faire affaire avec un grossiste de bois. J’ai fait livrer le soir même 30 planches de 6 m à Djibasso ainsi que des tôles pour fabriquer les toits. Le transport n’a pas été trop onéreux, car nous avons complété un camion qui livrait déjà à Djibasso.


Le bois Samba, des planches de 6 m sur 0,30
Choix des planches chez le grossiste








































J’ai fait livrer ensuite une ruche aux bonne cotes parfaitement finie ainsi que son « patron » découpé car les menuisiers ont des difficultés à lire les plans.

La ruche

Beaucoup de difficultés nous attendent encore : le bois n’est pas raboté et les menuisiers de Pia n’ont pas les machines. Vont-ils savoir économiser le bois ? Je ne trouve pas de mastic à bois pour protéger les pointes et réparer certaines failles.
Ce mastic, ils le fabriquent ici à partir de poudre à bois très fine, mélangée à de la colle Sader, de la colle de riz et du citron (pour la prévention de la rouille). Improvisation et débrouillardise, mais Jean aura peut-être d'autres recettes.