Je ne vous ai pas encore parlé de ma chambre.
Karim m’a trouvé cet endroit très calme, grande cour,
petites chambres extérieures comme dans un motel. Le tarif est
imbattable : 4 000 FCFA la nuit, soit 6 euros.
Le strict minimum, rudimentaire mais propre. Je m’y repose
bien, tout ce qu’il faut pour recharger les diverses batteries, même si les
prises sont décollées du mur et laissent parfois échapper quelques étincelles.
Une moustiquaire, une table et une chaise, par contre pas de placard. Un
ventilateur et si je souhaite, je pourrais avoir la clim.
La douche et les w.c.
sont à la « française » mais bon quand il y a la tablette pour poser
ses affaires, il n’y a pas de porte-serviette ou alors le contraire. J’ai
choisi le porte-serviette.
Je travaille actuellement sur la terrasse au grand air. Il
ne fait pas trop chaud ces jours-ci. Le ciel est plutôt couvert. Une petite
bise me caresse de temps en temps. Le patron est sympathique. Il vient d’avoir
une petite fille et sa femme reste à la maison. Une cliente parisienne nous
abreuve de ses histoires, elle a l’air d’avoir ses repères ici depuis
longtemps, elle fait pratiquement partie de la famille.
Ce matin, petit déjeuner. Le patron sait faire un café au
lait (oui, je sais ce n’est pas diététique) qui le même goût que chez nous.
J’en profite encore tant que je peux. J’ai acheté des « Vache qui
Rit » pour avoir encore un peu l’impression de manger du fromage.
Ce matin donc. On m’apporte le petit déjeuner, non sans être allé acheter du pain pour moi, je
vois revenir le serveur avec le pain. Le café au lait est servi sans couteau et
sans sucre ; j’attends un bon moment le couteau qui finit par arriver.
Entretemps j’ai craqué et commencé à étaler mon fromage à la petite cuillère.
Le couteau arrive, mais il faut qu’il aille acheter du sucre. Le serveur reprend sa mobylette.
Lorsqu’il arrive, j’ai pratiquement fini mon bol sans sucre. Finalement je pourrais
continuer, ce n’est pas mauvais.
CASAFRICA, Secteur 9, Quartier Petit Paris à Bobo-Dioulasso.
Quelques photos de ce havre de paix ! Ne vous y
méprenez pas, la lutte contre la poussière ici est de tous les instants. Une
poussière rouge, fine, qui s’infiltre partout. Ce matin, j’ai
consciencieusement nettoyé mon ordinateur, car entre les touches, il y avait
déjà beaucoup de poussière.
Si les sièges sont brillants et propres, c’est qu’on les
nettoie tous les matins. La cour aussi est balayée tous les matins. Mais les
murs, les voitures, les arbres, tous
sont recouverts d’une fine pellicule qui donne ces tons ocre rouge ternes. La
lumière réussit tout de même à rebondir,
se frayer un chemin. Ce matin, elle est blanche, laiteuse, légère, très
douce. Une lumière maternelle finalement, qui prend soin, qui apaise.
J’ai accroché mon tableau dans la chambre, il y avait juste
deux clous au mur, au bon écart. PERJALANAN, nom indien m’a dit Chantal
qui veut dire « Voyage ». Il est le témoin de mon voyage avant tout
intérieur. Il me relie dans le même temps à ma communauté d'esprit et de cœur. Unité. MÂ
Quelle présence n'est-ce pas ?
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