Depuis plusieurs jours,
Bobo-Dioulasso est « assiégée ».
Pas de bière, pas
d’eau (pas dans le secteur 9 où je réside heureusement), de
nombreuses coupures d’électricité, des routes barrées, celle qui mène à Ouagadougou
notamment…
Tout a commencé avec une nouvelle
grève des employés de « Brakina », vous vous souvenez la bière
nationale. Là déjà, ça touche au cœur des burkinabés. Les nombreux débits de
boissons ne sont plus alimentés, les maquis n’ont plus de quoi étancher la soif
des noctambules. Tout le monde court, a ses combines, son réseau et ses
relations, mais au bout d’une semaine, force est de constater qu’il n’y a plus
de Brakina nulle part…
On se rabat sur la « Flag » moins appréciée,
puis sur une bière française (Castel) puis
sur la Guiness au pire sur le coca.
Depuis deux jours, des quartiers
entiers sont privés d’eau. Les maquis qui préparent à manger sont mis encore
plus sous pression. Tout semble fait pour soulever la population, provoquer la
colère. Si vous ajoutez le délestage comme ils appellent cela ici
(l’électricité manquant, les responsables coupent dans les quartiers et font
tourner) et les barrages sur les routes, on dirait une ville assiégée.
Ce matin par exemple, c’est nous
qui manquons d’électricité. Le patron de l’auberge me dit qu’à cette époque de
l’année, les coupures d’eau ne sont pas rares et vous avez compris que le
« délestage » est structurel. En fait, les syndicats profitent de
cette période instable pour se mettre en grève un peu partout et bloquer la
ville. On me dit que c’est pareil à Ouaga.
Les syndicats seraient manipulés
par l’opposition (au parti de l’ex-Président Blaise Compaoré) pour qu’elle ait
une chance de pouvoir passer aux prochaines élections prévues en octobre. Ce
serait également une manière de contester le pouvoir militaire actuellement en
place qui, ne se sachant pas éligible, attend que ça passe en s’en mettant
plein les poches (dixit la plupart des burkinabés).
En fait, ils ne gouvernent pas.
Toutes les affaires sont en suspens, les projets, les subventions, tout le
monde attend. Ils ne dirigent plus vraiment les fonctionnaires livrés à
eux-mêmes avec toutes les dérives que cela peut supposer. La police par exemple
est absente complètement de l’espace public, sauf s’ils ont besoin d’argent et
là, me dit-on, ils arrêtent à l’aveugle pour mettre des amendes.
Les accidents auraient
terriblement augmenté puisque rien n’est plus régulé dans la circulation.
Bon, il va être temps d’aller me
mettre à l’abri au village. Vivement que ce foutu virement international
arrive, pour l’instant je suis coincée là à l’attendre !! Comme dirait mon
beau-frère Philou, c’est le meilleur moyen pour faire des économies…
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