mercredi 11 mars 2015

UN PEU D'HISTOIRE...



Région de la Boucle du Mouhoun                                                                        BURKINA FASO
Province de la Kossi
Département de Djibasso


Deux villages, Pia et Ira, que j’ai découverts en février 2013. J’ai eu la chance d’y venir la première fois  avec un ami burkinabé qui a passé une partie de son enfance à Pia. Des villages de terre, très rustiques, harmonieux. La vie est rude, ponctuée par les travaux des champs (culture du mil essentiellement). Peu d’argent liquide et, si les récoltes ont été mauvaises, des difficultés à nourrir les multiples enfants qui courent partout.

Lors de mon premier voyage, j’ai été interrogée sur la manière dont je récoltais le miel : « Mais comment tu fais pour récolter sans te faire piquer ? ». Je suis partie avec cette question en tête. Lorsque je suis revenue en décembre dernier, j’avais apporté avec moi enfumoir, gants et combinaison. J’avais également pris la précaution d’emmener avec moi un jeune homme de Bobo Dioulasso qui était capable de traduire assez bien je crois non seulement les paroles, mais aussi l’intention.

J’ai eu la surprise de découvrir rapidement une brousse avec beaucoup d’arbres mellifères et des dizaines de ruches en paille placées dans les arbres. Il y a là des trésors de miel. Ils disent récolter deux à trois seaux de miel sur chaque ruche (soit entre 40 et 60 litres de miel) bien sûr en détruisant les essaims.

J’ai rencontré les chefs des deux villages (ou plutôt les personnes qui les remplacent car les deux chefs sont âgés), le chef des griots pour Pia et le jeune frère du chef pour Ira. Ce dernier sait lire et écrire le français. Des réunions ont eu lieu pendant la semaine dans chacun des deux villages avec les anciens, les personnes importantes et surtout les apiculteurs. Tous ont dit vouloir passer à une apiculture plus moderne. A ma question « Mais pourquoi changer si tout va bien ? » la réponse a été immédiate : « Notre miel se gâte en 15 jours, 3 semaines. On ne peut que le manger ou le vendre localement. »

Le jour de mon départ, les chefs des deux villages, les chefs des griots avaient réuni un grand nombre de personnes : des anciens, mais aussi beaucoup de femmes qui pour l'instant parlent surtout de vendre le miel, des jeunes. Plus de 100 personnes étaient présentes (sur 5 villages) dont 70 apiculteurs. La plupart ont 5 ruches, mais certains en ont plus de 75 (ces chiffres n'ont pas été vérifiés). Une démonstration d’enfumage a été faite, j’ai moi-même porté mes habits de protection et j’ai prêté une combinaison complète à un jeune. Nous avons récolté les noms de chaque personne présente en essayant de noter le nom de leur village et surtout le nombre de ruches concernées.
L’A.V.A., Association Vauclusienne d’Apiculture, dont je fais partie avait voté une petite subvention qui m’a permis d’offrir des voilettes et des gants à chacun des chefs.

 Le chef des griots de Pia est très impliqué dans le projet, il veut surtout que cela profite à son village. Il souhaite que l’on implante une miellerie à Pia. Ses arguments sont que la route praticable (piste en fait) s’arrête à Pia, ce qui n’est pas faux. Ira est à 3 kilomètres, mais il faut aller à pied, à cheval ou en 4X4.  Par contre le village d’Ira est plus grand et les apiculteurs plus nombreux. Pour l’instant il semblerait qu’Ira et ses anciens acceptent cette prédominance.

 Le chef des griots de Pia, qui s’appelle Adama Diarra, s'appuie sur un jeune, Dramane Songa, qui sait lire et écrire (l'arabe) et qui pourrait être le relais principal de l'opération. J'ai mis ce jeune en relation avec l'animateur de Boromo, Djakaria Guira, qui leur a déjà téléphoné depuis mon départ et qui est prêt à s'y rendre ou/et à recevoir une ou deux personnes des villages pour leur montrer les ruchers.

 Je suis partie (sans rien promettre évidemment) en leur disant de se constituer en association. Pour cela, je leur ai fait parvenir les statuts de l'association Wendsongda de Boromo et les ai mis en relation avec une personne de Djibasso capable de parler et lire le français. Si les villageois ne s'organisent pas dans les mois à venir, une association existe à Djibasso qui pourrait prendre le relais. Je suis en lien avec eux : "Les enfants de Djibasso"  basée à Strasbourg et sur place son équivalent burkinabé. Je me sens moi-même très impliquée dans ces projets. Je suis prête à y passer plusieurs mois pour suivre l’évolution de l’apprentissage et de la récolte…

L'autre volet que je maîtrise moins mais dont je sais qu'il faudra tenir compte c'est d'une part leurs besoins en agroécologie (ils sont très fiers de leurs petits jardins mais ils ont quelques soucis.....) et d'autre part la demande d'un groupe de femmes d'un prêt de 300 000 FCFA (450 euros) pour générer des revenus en faisant du commerce. Ca je ne connais pas, mais j'ai cru comprendre que Mathieu avait déjà monté ce genre d'opération (micro-crédit ou tontine).




Dominique Reynès
Le 20 février 2014

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