Région de la Boucle du Mouhoun BURKINA
FASO
Province de la Kossi
Deux villages, Pia et Ira, que j’ai découverts en
février 2013. J’ai eu la chance d’y venir la première fois avec un ami burkinabé qui a passé une partie
de son enfance à Pia. Des villages de terre, très rustiques, harmonieux. La vie
est rude, ponctuée par les travaux des champs (culture du mil essentiellement).
Peu d’argent liquide et, si les récoltes ont été mauvaises, des difficultés à
nourrir les multiples enfants qui courent partout.
Lors de mon
premier voyage, j’ai été interrogée sur la manière dont je récoltais le
miel : « Mais comment tu
fais pour récolter sans te faire piquer ? ». Je suis partie avec
cette question en tête. Lorsque je suis revenue en décembre dernier,
j’avais apporté avec moi enfumoir, gants et combinaison. J’avais également pris
la précaution d’emmener avec moi un jeune homme de Bobo Dioulasso qui était
capable de traduire assez bien je crois non seulement les paroles, mais aussi l’intention.
J’ai eu la
surprise de découvrir rapidement une brousse avec beaucoup d’arbres mellifères
et des dizaines de ruches en paille placées dans les arbres. Il y a là des
trésors de miel. Ils disent récolter deux à trois seaux de miel sur chaque
ruche (soit entre 40 et 60 litres de miel) bien sûr en détruisant les essaims.
J’ai rencontré
les chefs des deux villages (ou plutôt les personnes qui les remplacent car les
deux chefs sont âgés), le chef des griots pour Pia et le jeune frère du chef
pour Ira. Ce dernier sait lire et écrire le français. Des réunions ont eu lieu
pendant la semaine dans chacun des deux villages avec les anciens, les
personnes importantes et surtout les apiculteurs. Tous ont dit vouloir passer à
une apiculture plus moderne. A ma
question « Mais pourquoi changer si tout va bien ? » la réponse
a été immédiate : « Notre miel se gâte en 15 jours, 3 semaines. On ne
peut que le manger ou le vendre localement. »
Le jour de mon départ, les chefs des deux villages,
les chefs des griots avaient réuni un grand nombre de personnes : des
anciens, mais aussi beaucoup de femmes qui pour l'instant parlent surtout de
vendre le miel, des jeunes. Plus de 100
personnes étaient présentes (sur 5 villages) dont 70 apiculteurs. La plupart
ont 5 ruches, mais certains en ont plus de 75 (ces chiffres n'ont pas été
vérifiés). Une démonstration d’enfumage a été faite, j’ai moi-même porté
mes habits de protection et j’ai prêté une combinaison complète à un jeune.
Nous avons récolté les noms de chaque personne présente en essayant de noter le
nom de leur village et surtout le nombre de ruches concernées.
L’A.V.A., Association Vauclusienne d’Apiculture,
dont je fais partie avait voté une petite subvention qui m’a permis d’offrir
des voilettes et des gants à chacun des chefs.
Le chef des griots de Pia est
très impliqué dans le projet, il veut surtout que cela profite à son village.
Il souhaite que l’on implante une miellerie à Pia. Ses arguments sont que la
route praticable (piste en fait) s’arrête à Pia, ce qui n’est pas faux. Ira est
à 3 kilomètres, mais il faut aller à pied, à cheval ou en 4X4. Par contre le village d’Ira est plus grand et
les apiculteurs plus nombreux. Pour l’instant il semblerait qu’Ira et ses
anciens acceptent cette prédominance.
Le chef des griots de Pia, qui
s’appelle Adama Diarra, s'appuie sur un jeune, Dramane Songa, qui sait lire et
écrire (l'arabe) et qui pourrait être le relais principal de l'opération. J'ai mis ce jeune en relation avec
l'animateur de Boromo, Djakaria Guira, qui leur a déjà téléphoné depuis mon départ et qui est prêt à s'y rendre ou/et
à recevoir une ou deux personnes des villages pour leur montrer les ruchers.
Je suis partie (sans rien promettre évidemment) en
leur disant de se constituer en association. Pour cela, je leur ai fait parvenir les statuts de l'association
Wendsongda de Boromo et les ai mis en relation avec une personne de Djibasso
capable de parler et lire le français. Si les villageois ne s'organisent pas
dans les mois à venir, une association existe à Djibasso qui pourrait prendre
le relais. Je suis en lien avec eux : "Les enfants de Djibasso"
basée à Strasbourg et sur place son équivalent burkinabé. Je me sens moi-même
très impliquée dans ces projets. Je suis prête à y passer plusieurs mois pour
suivre l’évolution de l’apprentissage et de la récolte…
L'autre volet
que je maîtrise moins mais dont je sais qu'il faudra tenir compte c'est d'une
part leurs besoins en agroécologie (ils sont très fiers de leurs petits jardins
mais ils ont quelques soucis.....) et d'autre part la demande d'un groupe de
femmes d'un prêt de 300 000 FCFA (450 euros) pour générer des revenus en
faisant du commerce. Ca je ne connais pas, mais j'ai cru comprendre que Mathieu
avait déjà monté ce genre d'opération (micro-crédit ou tontine).
Dominique Reynès
Le 20 février 2014
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