L’organisation de cette
3ème journée consacrée à la pratique a été difficile à mettre en
place.
Il s’agissait de
permettre d’expérimenter à la fois les protections pour les apiculteurs
chevronnés, et de découvrir les ruches traditionnelles avec les essaims pour
les débutants, les débutantes devrais-je dire, car les hommes même s’ils ne
sont pas apiculteurs de métier, ont tous un jour ou l’autre participé à
récupérer des ruches dans les arbres.
Nous avions organisé
deux groupes de 8 personnes (le nombre de protections maximum en notre
possession). Il s’agissait pour Djakaria de trouver deux ruches traditionnelles
pas trop hautes à récolter et ce n’était pas gagné apparemment… Nous finissons
par partir assez tard, trop tard pour les abeilles et nous, le soleil étant
déjà haut et nous arrosant généreusement de ses rayons.
Nous prenons le petit
chemin de la source déjà vue dans un article plus haut. Trois femmes sont dans
mon groupe, Mamoya, la femme de Tara l’apiculteur, je crois qu'elle s'appelle Maoma et une autre femme avec un
petit enfant. Il y a aussi Moussa, Bakary d'Ira et un apiculteur professionnel.
Nous attendons
patiemment que le premier groupe passe. Ils doivent descendre la ruche et
récolter.
Tout le monde expérimente les protections, mais aussi les enfumoirs
et ce n’est pas simple : faire comprendre que le feu ne doit pas prendre,
qu’il doit être étouffé, que la fumée doit rester épaisse, blanche et froide.
Le premier problème qui
se pose est celui du combustible : chercher de l’herbe sèche,
les résidus de petit mil peuvent fonctionner si on les broie vraiment. Par
contre, s’ils sont juste brisés et tassés, il y a trop d’espace entre les débris
et le feu a vite fait de prendre. Ne pas oublier de mettre des herbes vertes
sur le dessus pour rafraîchir la fumée, des feuilles d’eucalyptus par exemple.
D’ailleurs, ça ne rate
pas ! Un participant du premier groupe, pris de panique, pompe
généreusement sur son enfumoir et ça prend feu. Le feu brûle évidemment les
abeilles, mais aussi la combinaison de son voisin. Djakaria doit laisser ce
qu’il fait pour éteindre, heureusement plus de peur que de mal. Mais les
participants sont éprouvés, les abeilles agressives et même si personne ne se
fait piquer, ils veulent tous redescendre au plus vite avec leur récolte. Or le
deuxième groupe n’est pas passé. Palabre !!!
Nous sommes redescendus
assez bas pour que les abeilles ne nous poursuivent plus et on sent nettement
le flottement dans le groupe. Je ne comprends pas tout, mais les voix sont
aigues, s’entrecroisent. Il y a un peu de panique. Djakaria attend, me dit
qu’ils les laissent discuter. Et là, je m’interpose. Je demande la parole, et
comme je n’arrive pas à me faire entendre, je frappe dans mes mains, je
retrouve mes réflexes d’animatrice de formation. Je dis très clairement que
tout le monde doit retrouver son calme, que les abeilles ont besoin de silence
et de sérénité, que le deuxième groupe va monter, qu’il n’y a pas le choix.
Donc je demande à ce que les échanges de vêtements de protection se fassent et
ça se fait….
Notre groupe restera
tranquille jusqu’au bout. Le travail se fait en douceur, malgré des enfumoirs
encore trop chauds qui brûlent des gants. J’enrage de ne pas savoir parler
dioula.
Les femmes s’approchent, Maoma retire elle-même les galettes de cire de la ruche. Au passage,
Djakaria fait observer le couvain, le pollen, le miel operculé ou pas, les
cellules de mâles.
On ne peut que détruire cette ruche, c’est comme ça, au
moins n’avons-nous pas brûlé les abeilles et surtout nous avons récolté en
plein jour et ça c’est vraiment une découverte et une nouveauté pour les
apiculteurs persuadés qu’ils ne peuvent y aller que de nuit.
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Les cueuilleurs de miel |
Le retour est difficile
pour moi, je suis épuisée par la chaleur, il a fallu remonter deux fois le long
de la source, j’ai été un peu au-delà de mes limites. Je demande de l’aide pour
m’aider à marcher dans les cailloux car je sens mes jambes très faibles. Sur le
chemin, j’avance mécaniquement sous les rayons peu tendres de notre grand
soleil. Lorsqu’au loin j’ai vu arriver Dramane sur sa moto, j’ai poussé un « ouf »
de soulagement, je n’en pouvais plus.
Un dernier
rassemblement dans la cour pour faire le point avec notre récolte.
Des questions encore ! Puis les hommes m’adressent leurs remerciements
pour ces journées qui se sont bien déroulées. Ils sont très satisfaits me
disent-ils.
Les femmes veulent
prendre la parole à leur tour. Mais elles ne savent pas qui doit parler parmi
elles, et elles ne sont pas sûres de ce qu’elles veulent dire (ou demander).
Conciliabules, les hommes les pressent. Elles prennent le temps. Finalement, l’une
d’elles (c’est peut-être la femme de Tara je ne sais plus) déclare que ce dont elles ont besoin
aujourd’hui, c’est d’avoir une presse à karité. Je renvoie sur l’association
des apiculteurs, mais je ne suis pas sûre que ce soit la bonne réponse. Je vais
y réfléchir et je le leur dis.
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