mardi 17 mars 2015

FORMATION : 3ème jour



L’organisation de cette 3ème journée consacrée à la pratique a été difficile à mettre en place.

Il s’agissait de permettre d’expérimenter à la fois les protections pour les apiculteurs chevronnés, et de découvrir les ruches traditionnelles avec les essaims pour les débutants, les débutantes devrais-je dire, car les hommes même s’ils ne sont pas apiculteurs de métier, ont tous un jour ou l’autre participé à récupérer des ruches dans les arbres. 

Nous avions organisé deux groupes de 8 personnes (le nombre de protections maximum en notre possession). Il s’agissait pour Djakaria de trouver deux ruches traditionnelles pas trop hautes à récolter et ce n’était pas gagné apparemment… Nous finissons par partir assez tard, trop tard pour les abeilles et nous, le soleil étant déjà haut et nous arrosant généreusement de ses rayons. 


Nous prenons le petit chemin de la source déjà vue dans un article plus haut. Trois femmes sont dans mon groupe, Mamoya, la femme de Tara l’apiculteur, je crois qu'elle s'appelle Maoma et une autre femme avec un petit enfant. Il y a aussi Moussa, Bakary d'Ira et un apiculteur professionnel.
Nous attendons patiemment que le premier groupe passe. Ils doivent descendre la ruche et récolter. 

Tout le monde expérimente les protections, mais aussi les enfumoirs et ce n’est pas simple : faire comprendre que le feu ne doit pas prendre, qu’il doit être étouffé, que la fumée doit rester épaisse, blanche et froide.
Le premier problème qui se pose est celui du combustible : chercher de l’herbe sèche, les résidus de petit mil peuvent fonctionner si on les broie vraiment. Par contre, s’ils sont juste brisés et tassés, il y a trop d’espace entre les débris et le feu a vite fait de prendre. Ne pas oublier de mettre des herbes vertes sur le dessus pour rafraîchir la fumée, des feuilles d’eucalyptus par exemple.


D’ailleurs, ça ne rate pas ! Un participant du premier groupe, pris de panique, pompe généreusement sur son enfumoir et ça prend feu. Le feu brûle évidemment les abeilles, mais aussi la combinaison de son voisin. Djakaria doit laisser ce qu’il fait pour éteindre, heureusement plus de peur que de mal. Mais les participants sont éprouvés, les abeilles agressives et même si personne ne se fait piquer, ils veulent tous redescendre au plus vite avec leur récolte. Or le deuxième groupe n’est pas passé. Palabre !!!



Nous sommes redescendus assez bas pour que les abeilles ne nous poursuivent plus et on sent nettement le flottement dans le groupe. Je ne comprends pas tout, mais les voix sont aigues, s’entrecroisent. Il y a un peu de panique. Djakaria attend, me dit qu’ils les laissent discuter. Et là, je m’interpose. Je demande la parole, et comme je n’arrive pas à me faire entendre, je frappe dans mes mains, je retrouve mes réflexes d’animatrice de formation. Je dis très clairement que tout le monde doit retrouver son calme, que les abeilles ont besoin de silence et de sérénité, que le deuxième groupe va monter, qu’il n’y a pas le choix. Donc je demande à ce que les échanges de vêtements de protection se fassent et ça se fait….


Notre groupe restera tranquille jusqu’au bout. Le travail se fait en douceur, malgré des enfumoirs encore trop chauds qui brûlent des gants. J’enrage de ne pas savoir parler dioula.
Les femmes s’approchent, Maoma retire elle-même les galettes de cire de la ruche. Au passage, Djakaria fait observer le couvain, le pollen, le miel operculé ou pas, les cellules de mâles. 

On ne peut que détruire cette ruche, c’est comme ça, au moins n’avons-nous pas brûlé les abeilles et surtout nous avons récolté en plein jour et ça c’est vraiment une découverte et une nouveauté pour les apiculteurs persuadés qu’ils ne peuvent y aller que de nuit.

          
Les cueuilleurs de miel

 














                                     


La prochaine fois, j’espère que nous pourrons récolter et observer sur nos ruches kenyanes.

Le retour est difficile pour moi, je suis épuisée par la chaleur, il a fallu remonter deux fois le long de la source, j’ai été un peu au-delà de mes limites. Je demande de l’aide pour m’aider à marcher dans les cailloux car je sens mes jambes très faibles. Sur le chemin, j’avance mécaniquement sous les rayons peu tendres de notre grand soleil. Lorsqu’au loin j’ai vu arriver Dramane sur sa moto, j’ai poussé un « ouf » de soulagement, je n’en pouvais plus.

Un dernier rassemblement dans la cour pour faire le point avec notre récolte. Des questions encore ! Puis les hommes m’adressent leurs remerciements pour ces journées qui se sont bien déroulées. Ils sont très satisfaits me disent-ils. 

Les femmes veulent prendre la parole à leur tour. Mais elles ne savent pas qui doit parler parmi elles, et elles ne sont pas sûres de ce qu’elles veulent dire (ou demander). Conciliabules, les hommes les pressent. Elles prennent le temps. Finalement, l’une d’elles (c’est peut-être la femme de Tara je ne sais plus) déclare que ce dont elles ont besoin aujourd’hui, c’est d’avoir une presse à karité. Je renvoie sur l’association des apiculteurs, mais je ne suis pas sûre que ce soit la bonne réponse. Je vais y réfléchir et je le leur dis.

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